Peut-être le plus connu des lieux clandestin, le marché noir n’a pas changé de place depuis la dernière descente il y a de cela une dizaine d’année. Ruelles étroites, parfois couvertes, souvent à l’air plus ou moins libre pour éviter les évanouissements dus à la foule. L’entrée change de temps en temps et s’il est facile de le repérer en plein jour, il revêt son manteau de mystère à la tombée de la nuit. Il est en effet bien rare de voir le marché déserté. Voyous, bons à rien et tire laine se mêlent aux pires escrocs. Oui, je parle bien de ceux qui tiennent les boutiques. Parmi les visiteurs, vous trouvez beaucoup de chasseurs, oui mais aussi quelques transfuges, en civil, surveillant pour le compte de l’Autorité et faisant son possible pour garder la situation sous contrôle. Ce qu’elle est rarement, il faut bien l’avouer. Ici, personne ne fait attention à son voisin. L’or et surtout l’argent s’échangent sans questions, presque sans un mot. On pourrait tout acheter en fait, et se faire voler encore plus.

Vous êtes assez courageux pour tenter tout de même l’aventure ? Bien, entrez donc et ne vous arrêtez pas devant la vue féerique qui s’impose à vous, ils n’attendent que ça. Les tenanciers dans leurs boutiques pleines d’épices, de nourriture, d’armes et d’argent. Avancez plutôt d’un pas vif en prenant soin de garder un air blasé. Ils vous interpelleront dans toutes les langues connues, parleront de la pluie et du mauvais temps en vous donnant d’amicales tapes sur le dos. Encore une fois méfiez vous. Les renseignements se vendent aussi.

Enfin vous arrivez au cœur du labyrinthe, là où se trouvent les vrais intérêts dont de nombreuses boutiques d’armes. On ne peut en fait l’inventaire précis puisqu’on ne retrouve que rarement deux fois la même mais sachez que vous pourrez trouver ici plus ou moins tout ce qui tranche, découpe, assomme ou perce. Du gourdin d’argent à la plus récente mitraillette, en passant par des pieux, des dagues et des haches, tout est disponible au plus haut prix et pour un état pas forcément très bon. Plus rarement vous y trouverez des armes curieuses, volées aux transfuges. Mais qu’on ne vous prenne pas avec. Vous le paierez…de votre vie cette fois.

Evidemment, quand on parle d’illégalité, on pense tout de suite aux drogues. Et bien ne soyez pas déçus, il y en a aussi. Je ne parle pas des dealers qui vous vendront du rêve au détour d’une ruelle mais de celles, plus courantes qui tiennent boutiques. Pour quelques dollards, yens, euros ou bijoux, vous trouverez tout ce que vous voudrez. Des vitamines, antibiotiques, reconstituants, morphine, vaccins volés aux hôpitaux, des plantes calmantes voire trop, des champignons, pourritures, poudres blanches, pilules bleues… quittez la matrice quelques heures, peut-être serez-vous l’élu de votre propre monde.

Autre denrée rare que vous pourrez vous procurer à prix d’or est l’argent. Vendu au poids, en arme ou en bijou, c’est le métal le plus coûteux et non sans raison puisqu’en plus de ses vertus décoratives, il a la propriété bien utile de protéger des vampires. En soi, rien n’est interdit concernant les parures mais en porter vous désigne bien souvent comme un opposant au régime. Faites donc bien attention à ce que vous faites en craquant sur un collier, un couteau ou une bague.

Des bijoux à l’église il n’y a qu’un pas. Parfois trois mais c’est rare. Et oui, comme pour l’argent, l’art religieux n’a plus sa place dans les allées. Certes, vous trouverez certains santons et médailles dans les lieux saint mais tout le recel d’images religieuses se fait ici, dans une petite boutique dissimulée en marchand de tapis lorsque vient le soir. Si ce n’est pas un lieu saint, les nombreuses bénédictions dont ses marchandises ont fait l’objet se font tout de même sentir et les vampires n’aiment pas trop s’en approcher.

Evidemment, tout cela n’est que l’envers du décor. Officiellement, le marché noir est un endroit très fréquentable et surtout très utile pour trouver les denrées rares de la vie quotidienne comme des tire-bouchons, des légumes ou encore une pompe à vélo. Les boutiques citées ci-dessus ne sont évidemment pas visibles pour la clientèle presque huppée de la périphérie du marché. Des gens honorables pour la plupart. Quoique…

Qui peut se dire honorable de nos jours ?