† Fallen †
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 Entre ces anonymes .

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Kaitlenn Teagan
† Chasseur Fédéré †

Kaitlenn Teagan

Date d'inscription : 09/07/2009
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MessageSujet: Entre ces anonymes .   Entre ces anonymes . I_icon_minitimeVen 29 Jan - 16:54

L’effervescence, la foule, la moite chaleur du marché noir font son anonymat. Derrière le décor d’épices, de fruits et légumes, couleurs abondantes et criardes. Derrière cette image, argent et or rivalise. On vend l’argent à prix d’or, on vend de la drogue et pas du rêve. Des chimères, quelques salons pourraient d’ailleurs être de scrupuleuses répliques des salons d’opium. Des souvenirs qu’on en a. L’anonymat par la multitude donc, par le décor et les faux semblants. Ici l’anonymat ne protège pourtant pas. Les transfuges sont tout aussi anonymes que les chasseurs dans ce lieu, à la subtile différence qu’ils ne sont pas là pour acheter de quoi abattre leurs maîtres. Bien qu’ils n’envisagent probablement pas les vampires comme leurs maîtres.
Il serait donc assez inconséquent de ne pas dissimuler quelques uns de ses bijoux en déambulant entres ces passants. Kaitlenn glissait donc la lourde croix de sa paume entre les chaines de son poignet pour qu’elle se fasse petite, celle de son cou était dissimulée sous ses vêtements. Tout comme la multitude de bracelets de son autre bras. Les risques inutiles n’étaient pas son créneau. Evidemment un éclat d’argent s’échappait au moindre rayon de soleil, au moindre échange de la jeune irlandaise. Elle ne reniait pas sa musique corporelle pour sauver sa peau. D’ailleurs ce métal désormais si précieux lui avait déjà sauvé la peau. Il était bon de le laisser s’exprimer.
Ce qui pouvait paraitre inconséquent c’est probablement les perles à ses oreilles, ou un peigne dans ses cheveux. Peigne peut-être trop luxueux. Il arrivait pourtant rarement qu’on dérobe quelque chose à cette femme. Regarder là évoluer parmi la foule sa bruler le moindre gens. Une cigarette ostensiblement allumée. Elle pourrait très bien être de ces voleuses insaisissables si elle n’était pas déjà fortunée. Difficile donc de voler quelqu’un qui reprendrait immédiatement son bien. Chose qui était moins vraie dix ans plus tôt. Lorsque, encore fraichement libre, Kaitlenn arpentait ces même rues l’air de croire que l’homme n’avait pas les vices des immortels. Erreur. Là elle se fit détrousser, pour ne pas commettre la même erreur. On sait bien que la chasseuse est peut être un brin trop confiante, mais il est clair qu’elle n’est pas de celle qui rasent les murs. Elle « connait les lieux », elle inspecte les produits. Comme souvent l’irlandaise est venue acheter des balles d’argent. Matériel certes couteux, mais efficace. Peut-être trouver de nouvelles armes à feu. Trop lourdes, pas des plus performantes et simplement parce qu’elle ne s’y était jamais intéressé préférant les armes blanches.
Bref, le marché noir, ses passants, ses vendeurs –en tout genre- et ses vols. D’or et de paroles. Il n’y a presque rien à Paris que cet endroit. Entre les effluves d’épices ou de drogues douceâtres, l’odeur furtive de la trahison. Légère et pourtant bien présente, pas que les pavés soient plus sales qu’ailleurs, les gens moins beaux ou plus édentés. On est pas plus malhonnête ici qu’ailleurs, il y a seulement trop d’oreilles, trop de regards, trop de gens qui se font payer pour divulguer un murmure, extrapolé sur un sourire. C’est aussi ça que Kaitlenn aime dans le marché noir. C’est pour ça aussi qu’elle s’arrête plus que de raison, qu’elle se fait moins avoir que d’autres. Elle n’est pas pressée de partir, bien au contraire. Surtout qu’en plein jour les vampires sont assez peu susceptibles de vous attaquer, qu’elle est largement en mesure de se débarrasser de leurs sous-fifres. D’où le léger sourire qui flotte sur son visage, aimable et séduisant. Expression qui –est-ce utile de le préciser- a été travaillée puis adoptée après de longues années de faux semblants.

Kaitlenn lâche sa cigarette au sol, elle sera bien vite réduite en morceau par les pas d’inconnus, et s’en va marchander. Quelques mots et trois sourires plus tard elle partira probablement avec de quoi ne pas craindre d’attaque pendant un moment. Une courtisane est aussi riche que ses clients. Vous n’y croyez pas ? Visez un peu la facture de ses vêtements. Les bijoux à ses oreilles. Son regard qui en dit long en glissant sur vous comme une caresse superficielle. Parce que cette femme terriblement belle à l’air tout à fait superficielle. Toute en beauté et en souplesse. Digne d’un podium, pas de l’endroit où elle se trouve… Sans chercher à avoir l’air d’autre chose. Parce que c’est cet air là qu’elle travaille, ce sourire léger et un brin insolent. Trop sûr, même quand on la suit.
L’échange avec un armurier commence, facile pour elle, trompeur pour l’homme. Trompé par quelques gestes futiles. Une mèche qu’elle glisse derrière son oreille, ce sourire léger la voix douce qui accompagne la politesse. Le son de l’argent qui passe d’une main à l’autre.
Des faux semblants. Le marchant s’est fait arnaquer par trois sourires et une arabesque rousse contre une peau crémeuse.
Kaitlenn en rirait presque.


[Delima-rose]
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Délima-Rose Dyela
† Plante carnivore

Délima-Rose Dyela

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Maître : Mèt têt ? Kalfu. Bon, d'accord, c'est un esprit. N'empêche.
Esclave : Certes, Nélie est payée. Mais certainement pas assez, vu tout le boulot qu'elle doit abattre.
Métamorphose : En furie si vous écrasez la moindre graminée chez elle.

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MessageSujet: Re: Entre ces anonymes .   Entre ces anonymes . I_icon_minitimeSam 30 Jan - 15:00

Délima-Rose se recula brutalement. Un homme, transportant une large porte ne l’avait visiblement pas vue, toute sa vision étant occultée du côté gauche. A vrai dire, ce n’était pas le seul à ne pas faire attention à Délima. Pourtant, dans un autre lieu, un autre temps, elle aurait immédiatement remarquée. C’est pour cela qu’elle aimait le marché noir.
Ce jour-là, elle avait relevé ses cheveux pour les emprisonner dans un tissu enroulé en couronne autour de son front. Pour une fois, rien ne faisait plus obstacle à la dentelle de ses tatouages, glissant de son front pour venir se perdre dans son corsage. La tête haute sur un cou gracile, les mouvements souples, elle trônait comme si elle était encore chez elle. Mais ici, les gens ne se jetaient pas à ses genoux pour la supplier d’intervenir dans tel ou tel litige. Personne ne s’écartait respectueusement. Personne ne se cachait ou ne détournait le regard de peur d’être perverti par le grand diable qui passait. Lorsqu’elle avait parcouru ce marché pour la première fois, elle avait cru que les hommes étaient plus sages ici, qu’ils ne se laissaient pas avoir par les rumeurs et les faux-semblants. Mais ce n’était pas tout à fait exact : plus qu’ignorants, ils s’en moquaient. Eperdument. C’est pour cela qu’elle haïssait le marché noir. Nul ne faisait attention à l’autre, ni à l’étrangère un peu trop noire, ni à la jeune femme un peu trop belle.

Pourtant, Délima l’avait remarqué. Elle était fascinée par ses yeux, d’une couleur extraordinaire, vifs, perçants et troublants. Ces yeux qu’elle avait tant de mal à trouver dans les bas-fonds, voilà qu’ils s’affichaient dans le marché noir ! Ils donneraient certainement la plus belle des fleurs.
Car Délima s’était lancé dans de nouvelles tentatives de croisement : inclure un œil dans la croissance d’un iris d’eau. Pourquoi un iris ? Parce que l’iris et l’œil semblait aller de concert. Oui, à bien des égards, la science de Délima était empirique. Mais on ne pouvait dire qu’elle était farfelue. Quelque part, elle devait sentir les choses, voir les liaisons possibles, puisque ses expériences rataient rarement. Oh, bien sûr, le résultant était parfois sans intérêt pour le commun des gens, mais Délima s’enchantait des nouvelles formes, des nouvelles odeurs, fussent-elles tordues et laides.

Depuis quelques temps, elle avait dans l’idée de créer une plante-espion. Les temps se troublaient de plus en plus, et quelques uns avaient repéré sa serre. L’arbre-aux-clochettes n’était plus suffisant : il ne l’avertissait qu’au moment où les intrus pénétraient chez elle. Elle désirait disséminer des plantes capables de l’avertir autour de la serre, et les racines de l’arbre-sensitive n’étaient pas assez grandes, il fallait donc créer quelque chose d’autre, quelque chose de nouveau.
Oh, bien évidemment, Délima n’attendait pas de cette expérience que la plante y voie réellement. Mais elle était partie d’un constat simple : les yeux viennent par deux, ils ne peuvent parfaitement tenir au courant leur hôte que par paire. C’est le premier système d’alerte d’un humain, et il est double. La liaison entre les deux devait être extrêmement forte. Si elle incluait à un bout de la plante un œil, et à l’autre bout son frère, alors le lien se recréerait. Ce que Délima espérait c’est que si on mettait les deux plantes face à face, toute chose venant couper le lien en passant entre serait repérée. Créer une double plante partageant une unique racine n’était pas ce qu’il y avait de plus compliqué, les fraises le font bien ! L’expérience avait déjà été portée à son terme, et Délima avait planté le premier spécimen viable à trois cent mètres de la serre. Elle avait creusé un sillon droit de la serre jusqu’à la plante, où elle avait enfoui un long tube qui servirait à guider la racine naissante jusqu’à l’intérieur de la serre. D’ici un mois, le « pédoncule d’alerte », la fleur qui éclorait instantanément lorsque la liaison serait coupée apparaitrait. A terme, la simple intrusion, le simple déplacement serait enregistré par la plante. Le système marchait déjà pour des distances courtes, mais une telle distance affadirait-elle le signal ? Voilà qui restait à découvrir.

A vrai dire, pour cette expérience, n’importe quelle paire d’yeux faisait l’affaire, mais là encore Délima faisait une simple constatation : plus les yeux étaient beaux, plus la fleur qui devait naitre serait belle. Mais elle doutait que la jeune femme qui les portait les lui cède de bon cœur. Car le système qu’elle souhaitait créer était un système d’alerte sans danger : les ingrédients devaient en être cédés de plein gré. Là encore, Délima appliquait le principe simple des analogies. Si elle avait voulu mettre au point un système de défense agressif, elle aurait agit différemment. Elle se contentait donc d’enlever les yeux des morts fraichement déplorés. Les morts refusent rarement.

Mais les yeux n’étaient pas le but de sa venue dans le marché noir, même si ces deux magnifiques exemples lui avait fait quelques temps oublier son but. Non, son but était beaucoup plus simple, beaucoup plus… disons normal. Elle venait de briser son mortier, et il lui en fallait impérativement un autre. Le mortier lui servait à tout : pour ses décoctions, pour ses expérience, et aussi pour la cuisine, l’un venant après l’autre généralement sans qu’elle pense à le laver. Au fil du temps, elle s’était totalement mithridatisée.
Sans s’en rendre compte, elle s’arrêta au stand qui voisinait l’armurerie qu’avaient choisis les Vèt-zye*, sans doute encore fascinée par eux. Le stand en question contenait bien quelques mortiers, mais tous en bois. Ils ne seraient pas assez solides, et rien ne valait un mortier en lave.

Mais quelque chose sur le stand de l’armurier lui fit totalement oublier cette considération sur les pierres nécessaires à la cuisine. C’était un petit coutelas qui n’avait pas l’air bien dangereux, la lame repliée dans un manche de corne. Mais justement, sur ce manche s’étalait quelques fines gravures qui ressemblaient par leurs compositions aux tatouages de Délima, qui serra les dents. Ce couteau… non, l’armurier ne pouvait l’avoir justement acquis, même s’il le croyait. Aucun initié ne s’en serait séparé, il avait dû être volé puis vendu avant d’atterrir ici. C’était un couteau rituel, qui n’était pas fait pour tuer. Il n’avait rien à faire sur cet étal.
Profitant de l’effet que Vèt-zye semblait faire sur le marchand, pour qui rien n’existait plus en dehors de la délicieuse jeune femme, Délima s’approcha doucement. Au bout de quelques secondes, la tête baissée, elle sourit. La belle, qui connaissait visiblement son affaire, était en train de l’entourlouper. Elle lui rappelait son enfance, et ses tromperies pour une simple pomme.
Faisant semblant de s’intéresser à une arme à feu – quelle horreur – elle l’attrapa d’une main, comme pour l’examiner de plus près, et laissa trainer l’autre sur le couteau. Bien vite, elle referma la main dessus, fit rapidement disparaitre l’objet dans sa poche, et reposa l’arme. Bien sûr, elle aurait pu se contenter de l’acheter, mais ce n’aurait pas été juste. Les choses et les actes se devaient d’être constamment en équilibre.


_______

*Vèt-zye : Yeux-Verts
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Kaitlenn Teagan
† Chasseur Fédéré †

Kaitlenn Teagan

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MessageSujet: Re: Entre ces anonymes .   Entre ces anonymes . I_icon_minitimeJeu 4 Fév - 23:59

Avec ses airs de poupée, cette superficialité, Kaitlenn avait l’air de ne voir qu’elle et l’armurier qu’elle arnaquait. L’air seulement, on n’est pas un des meilleurs chasseurs de la fédération sans un sens aigue de l’observation. Les faux semblants servent également à ça, observer discrètement votre entourage immédiat, comme on jette un regard dans le rétroviseur d’une voiture avant de s’engager. Kaitlenn avait des yeux dans le dos. Dans les mains et au milieu du visage. Adorables yeux au passage, mais est-ce une précision utile ?
L’anonymat du marché noir, on regarde tout le monde, personne n’échappe à personne. On suit certains, on écoute d’autre, on arnaque, on vole, on se fait voler. Une sorte d’écosystème, l’écosystème du méfait. Ici rien n’est gratuit, les anonymes sont des cibles et vis versa. Un visage occupe votre esprit le temps de déterminer la menace qui en émane, ou pas. Simple. Trois secondes environ.
L’endroit pourrait paraitre effrayant. Autant qu’une ruelle de nuit ? Presque pire lorsqu’on est lucide. Quand on comprend que le gamin brun au grand sourire n’est pas grand-chose d’autre qu’un dealeur, ou un enfant acheté par un puissant. Certes les âmes honnêtes s’égarent peut-être parfois en cet étrange lieu. Ce sont alors les visages qu’on retiendra plus de trois secondes, trop décalés dans le décor.

Il est donc évident que l’irlandaise avait vu la voleuse. Ce n’était pas ses affaires pour autant et Kaitlenn n’était pas là pour déranger l’équilibre du marché. Comme respecter le méfait d’autrui. Non, l’armurier retrouverait simplement son argent ailleurs. Trois secondes pour regarder la main noire s’emparer d’une lame particulière. Elle servait sans le vouloir la cause d’une autre. Charmant le marchant elle servait également de diversion et c’était ça qui la contrariait légèrement. Son regard lâcha donc l’armurier une seconde de plus pour identifier le visage qui s’accordait à la main voleuse. Tatouée. Partout. Rien ne transparu sur le visage de Kaitlenn, il n’était pas question qu’elle montre à l’armurier qu’il n’avait pas réellement son attention. Elle était tout de même entrain de lui arracher des balles d’argent au prix du cuivre… Et encore…
Tatouée donc, c’est ça qui reteint son attention. Pas sa peau noire clamant ses origines étrangères, Kaitlenn s’en foutait. Elle-même n’était pas de ce sol. Ce qui frappa l’irlandaise, sans compter les lignes brunes sur la peau sombre de la voleuse, fut le maintient de la jeune femme. On aurait dit une femme d’affaire. Tête haute et fière. Elle était ici en terrain conquit, tout comme Kaitlenn. Elle aimait la beauté, résidus de son éducation vampirique. Kaitlenn aimait la grâce et la volonté qui transpire de certains corps. Fin de l’observation.

Un dernier sourire et Kaitlenn glissa son gain dans le sac qu’elle portait en bandoulière. Des balles d’argents à un prix dérisoire, visiblement les hommes étaient les mêmes immortels ou non. La jeune femme repartait pourtant plus ou moins bredouille, elle n’avait pas trouvé son bonheur. Il semblait que rien dans les armes à feu ne lui plaisait réellement.
L’armurier lui avait pourtant proposé différents modèles, léger et probablement efficaces. Rien ne valait une lame qui mord la chaire de votre adversaire. Rien de mieux pour assouvir la vengeance longue et froide d’une femme.
En passant derrière la voleuse pour réintégrer la foule de passants Kaitlenn ne put retenir un sourire et une remarque, de sa voix douceâtre, entre le sucre et l’acide, elle signala à la femme que son vol n’était pas passé inaperçu.


« J’espère que votre nouvelle acquisition valait la diversion. »

Inutiles paroles. Pas déplaisantes pour autant.
L’irlandaise s’amusa un instant de plus avant de se fondre dans la foule de malhonnêtes gens. Mais entendons nous bien, l’honnêteté est aujourd’hui une notion bien mal définie. Certains immortels choisissent un régime draconien par soucis de conscience, d’autre vous dessine le temps d’une soirée en attendant la mort que vous leur administrerez… Certains croyants vengent l’humanité malgré le pêché de colère. D’autre convoitent les iris de passants sans que personne ne le réalise, dans quel but ? Pire, des parents donnent leur sang pour se donner l’illusion de protéger leur progéniture.

Un éclat de lumière attira la jeune femme comme une pie voleuse. Des bijoux d’argent –métal honnis par les puissants- partout sur un stand. Un sourire erra un instant sur le visage pâle de Kaitlenn, par simple coquetterie, elle se fraya un chemin jusqu’aux bijoux et glissa une bague légère à son index gauche.
Elle n’achèterait pas, elle flânait. Elle était d’ailleurs déjà un piège mobile, brûlante de partout, couverte d’argent. Le vampire qui voudrait sa peau aurait bien du mérite. Il faudrait qu’elle envisage de quitter le marché noir, histoire d’aller s’entrainer.
Elle n’escortait personne aujourd’hui, ni même ce soir. Jour de congé en sommes. Le temps de montrer à son novice qu’elle était encore le maître à bord. Un nouveau sourire. Toujours un peu factice.
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Délima-Rose Dyela
† Plante carnivore

Délima-Rose Dyela

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MessageSujet: Re: Entre ces anonymes .   Entre ces anonymes . I_icon_minitimeVen 26 Fév - 10:36

En quittant l’étal, sans plus de regrets pour les yeux qu’elle avait désirés, Délima mit la main à la poche, retirant le fruit de son menu larcin.
S’arrêtant un instant, elle ouvrit le coutelas. La lame s’ouvrit en résistant, avant de rester bloquée à la moitié. Voilà qui était étrange, le petit couteau n’avait fait creuser sa propre corne depuis quelques temps. Etrange ? Peut-être pas tant que ça. Après tout, c’était un lieu commun que de dire que « tout se perdait ». Le respect des reliques comme les rituels, les marchands avisés comme les œillades. Et c’est ainsi que l’on retrouvait les pans d’une culture exportés dans les marchés étrangers, et les jolies filles mendiant sans avoir l’air d’y toucher.

Délima aurait aussi pu se dire, continuant dans sa lancé verbeuse, que l’on vivait dans un « bien triste monde ». Mais si elle avait un certain goût pour la sentence, elle l’aimait lorsqu’elle était correctement assenée. Hors ce n’était pas tant le monde que les êtres qui le hantaient qui étaient tristes. L’homme était devenu un enfant creusant le sillon de sa propre misère, étonné de trouver toujours plus de couches à gratter. Et le guédé* lui passait gentiment le râteau. Mais le monde, lui, allait bien, merci.
Et même ce couteau n’était qu’une autre forme du grattoir. Qu’avait-il pu signifier pour son véritable propriétaire ? Une quête d’une certaine spiritualité, au milieu des détritus et de la poussière ? Sillon numéro un. Un espoir de guérison, entre les légumes et la mort ? Sillon numéro deux. La quête de pouvoir, d’argent ou de puissance ? Sillons trois, quatre et cinq. Est-ce que, s’apercevant finalement de l’inanité de sa quête, il s’était arrêté de fouir dans son tas d’ordure ? Délima en doutait. Sous la crasse, toujours plus de crasse. Et tout au fond, tout au fond du sillon, le regard fou et les traits dévastés, l’envie de continuer. Elle, elle avait depuis longtemps abandonné les couteaux pour y aller à mains nues, sentant chaque poignée qu’elle enlevait, chaque couche qu’elle déchirait, exultant lorsque l’une, plus dure que les autres, se brisait enfin dans un doux reproche. Un peu plus loin. Un tout petit peu plus loin. Et les couches s’accumulaient au-dessus d’elle, s’insinuant loin sous sa peau, s’organisant en volutes, criant ce qu’elle ne faisait que chuchoter.
Me voilà, Délima-Rose, thaumaturge des navets ! Me voilà, moi qui commande au chiendent, moi qui ai donné ses poils à la courgette, et ses grains au fusain ! Là où je vis, plus personne ne peut dire « je ». Là où je vis, les chagrins se changent en buissons, et les fantômes en carottes. Et je les ordonne, tu verrais comme ils marchent ! Les rhizomes à gauches, et les herbes à droite ! Et tout cela marche au pas cadencé. Vois, j’ai mon armée ! Que pourrais-tu m’opposer ? Ton couteau ne m’effleurera même pas. Là où je vis, mon ami, toi tu n’iras pas.

D’un coup sec, le couteau se referma, le ressort interne sans doute trop tendu d’avoir été inutilisé. Délima leva les yeux vers la lune qui pointait, pâle, malgré le plein jour. Quatrième quartier. Trois jours sans datura.

Sans qu’elle s’en aperçoive, la Vèt-zye l’avait rattrapé, et avait prouvé que les yeux peuvent réellement parler.


« J’espère que votre nouvelle acquisition valait la diversion ».


Voilà, ça, c’était une belle phrase, prononcée au bon moment. Les yeux avaient donc de plus un certain esprit d’à propos. Les organes étaient bizarrement intelligents, ce temps-ci. Le temps que Délima se retourne pour féliciter ces deux spécimens remarquables, voilà qu’ils avaient filé, attirés par plus brillants qu’eux. Et, pour satisfaire leur compulsion, ils venaient de créer une main, et ils y glissaient une bague.
De toute façon depuis longtemps conquise, Délima fila dans leur sillage. Puis, parce qu’il fallait bien une offrande à de telles idoles, lança quelques piécettes au marchand, qui cessa alors d’observer la bague comme son fils unique aux mains du croque-mitaine.
Délima-Rose planta son regard dans les deux escarboucles, et, pointant la bague du doigt, leur sourit.


« De la voleuse, pour la pie ».


________
* guédé : sorte d’esprit de la mort, façon dont Del’ appelle les vampires.
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MessageSujet: Re: Entre ces anonymes .   Entre ces anonymes . I_icon_minitime

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